Une étude officielle récemment publiée montre le faible niveau de l’enseignement public marocain et les disparités criantes avec les écoles privées.
Au Maroc, quand les parents parlent d’école, les discussions tournent vite à des considérations financières. Une étude nationale vient d’en donner une estimation : seulement 9 % des élèves du public maîtrisent les programmes de français, d’arabe, de mathématiques et de sciences à la fin du collège.
Dans les zones rurales, la proportion tombe à moins de 5 %. Publiée le 30 novembre, l’évaluation − réalisée par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) en 2019 auprès de 37 000 élèves − a eu un fort écho dans la presse marocaine qui a dénoncé à l’unisson l’état de l’école publique : « résultats accablants », « alarmants », « édifiants », « échec collectif », « le grand déclin », « génération sacrifiée »… Un constat « douloureux », a, pour sa part, admis le ministre de l’éducation nationale, Chakib Ben moussa, devant les parlementaires, pour montrer l’ampleur du chantier.
On savait que l’école marocaine n’était guère brillante. En 2019, l’enquête PISA de l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) sur les performances des systèmes éducatifs l’avait classée 75e sur une liste de 79 pays. Mais « ce qui choque dans ces derniers résultats, c’est l’écart de performance qui ne cesse de se creuser entre le public et le privé », souligne Abdennasser Naji, expert en éducation et membre du CSE. Si une infime minorité des collégiens du public maîtrise le programme (moins de 10 %), ils sont, dans le privé, 62 % en français, 50 % en maths, 38 % en arabe. L’instance d’évaluation prévoit que la crise du Covid-19 aggravera le fossé en raison des cours à distance qui ont largement supplanté l’enseignement en classe en 2020 et 2021. « Une part importante des enfants dans le milieu rural et des zones défavorisées a décroché », selon l’évaluation du Conseil supérieur de l’éducation.