Au demeurant, l’arrivée au perchoir de Boukoubi, 64 ans, n’a rien de révolutionnaire. Elle a plutôt quelque chose de conservateur sinon de rétrograde, confortant l’idée que l’opinion se fait de l’institution : une simple chambre d’enregistrement. Les résultats des dernières législatives confirment en effet l’infécondité de cette chambre du Parlement : au regard de la qualité des hommes y faisant leur entrée, on ne saurait y prédire des débats contradictoires. «On y trouve une bonne flopée d’illettrés», note un observateur de la scène politique gabonaise.
Boukoubi en président de l’Assemblée nationale ne suscite également aucun espoir quant à la vitalité de la démocratie gabonaise ni à sa capacité à se renouveler. Ce, d’autant plus que cette manœuvre relance le débat sur le choix des hommes en se basant sur les sempiternels petits calculs tribaux, ethniques et provincialistes. «On revient aux vieilles pratiques qui veulent que le poste de président de l’Assemblée nationale échoit aux ressortissants de l’Ogooué-lolo. En gros, on a procédé à des petits arrangements géopolitiques pour remplacer Guy Nzouba qui s’en est allé», regrette l’observateur sus cité.
Pour une bonne frange de la population, Boukoubi ne peut œuvrer à la consolidation de la démocratie au Gabon. L’homme, en effet, n’a jamais donné l’impression d’être un grand démocrate. «On a bien vu, pendant tout le temps qu’il passé à la tête du PDG, son comportement vis à vis de l’opposition qu’il n’hésitait pas à insulter au début du premier mandat d’Ali Bongo. Plus tard, il a assisté à la dissolution de l’Union nationale. En tant que secrétaire général du PDG, il n’a pas trouvé cela anormal», rappelle une journaliste de La nouvelle République, Laure Patricia Manevy. L’ancien baron du PDG n’a jamais présenté les signes d’un grand organisateur ni d’une personnalité de poids. Un persifleur de Boukoubi rappelle qu’il «s’est laissé étouffer, à la limité écraser, par les membres du directoire de cabinet d’Ali Bongo, notamment l’omnipotent Maixent Accrombessi, au point qu’il a été poussé à la démission».
D’une manière ou d’une autre, loin de constituer une avancée démocratique, l’accession de Boukoubi au perchoir de la 13e législature n’est d’aucune fertilité démocratique. Elle n’est que la simple récompense d’un apparatchik, visant à rétablir des calculs géopolitiques marqués par la dévolution des postes politiques clés à certaines provinces spécifiques.
Par Johanna Asseko