
Après la publication des résultats des élections couplées des législatives et locales par le Centre gabonais des élections(CGE) qui ont lieu au mois d’octobre en cours, il revient à notre rédaction de faire un bilan à mi-parcours. En attendant que la Cour constitutionnelle confirme ou infirme lesdits résultats.
Par Juslin Engongha
Né de la résolution du dialogue politique d’Angondjé initié par le président Ali Bongo pendant la période postélectorale de 2016(mars-avril 2017), le Centre gabonais des élections(CGE) que dirige Bibalou Koumba a su faire avec maestria et preuve de délicatesse quant à l’organisation inédite des élections couplées des législatives à deux tours et du tour unique des locales au Gabon. Des élections qui se sont déroulées pour la première fois au mois d’octobre en cours depuis l’avènement de la démocratie au Gabon. Dans le fond et malgré des imperfections constatées ça et là, l’on peut d’ores et déjà tirer un coup de chapeau aux différents membres du CGE (majorité-opposition). D’autant plus qu’aucun incident majeur n’ait été signalé. Encore moins enregistré avant et pendant le déroulement de ce scrutin.
En terme des résultats, le PDG et ses alliés ont raflé la mise au tour unique des locales. Suivi du partage par siège des partis politiques de l’opposition et des indépendants. En revanche, aux législatives, le parti au pouvoir a cartonné 98 sièges, Les Démocrates(11), les indépendants(8), Rassemblement des Volontaires(RV) compte 7 sièges, le SDG(5), RHM(4), PSD(2), UN(2). Les autres partis de l’opposition tels que DN, CLR, UPNR, UDIS et le FER compte respectivement chacun un(1) siège.
L’opposition a fait ces avancées peu significatives en récoltant cette petite moisson grâce aux différentes alliances qu’elle a ficelée entre candidats recalés au 1er tour avec ceux en ballotage au second tour qui s’est déroulé le 27 octobre 2018. La mutualisation de ces alliances a permis à l’opposition de réduire le score étriqué par le PDG au premier tour. Au premier tour, le Parti démocratique a raflé 74 sièges. Ce deuxième tour, en dépit de l’abstention, devrait plutôt conforter cette majorité au sein la deuxième chambre du parlement.
2nd tour des législatives 2018 : Le PDG s’en sort difficilement
S’il est sorti une nouvelle fois gagnant, le Parti démocratique gabonais (PDG) a enregistré quelques revers lors du second tour des législatives organisé, samedi 27 octobre, dans plusieurs localités du pays. L’on constate, en effet, que le parti au pouvoir a eu du mal à réitérer le raz-de-marée du premier tour organisé le 6 octobre dernier. Dans la province de la Nyanga, il a été butté contre les candidats de Les Démocrates : Jonathan Ignoumba (Mongo), Jean-Pierre Doukaga Kassa (1er arrondissement Tchibanga), Rojas Mouanda Mossotsi (2e arrondissement Tchibanga) et Jonas Ibiatisi (Mabanda).
Dans le Woleu-Ntem, la victoire de Françoise Assengone Obame (3e siège Okano) n’a pas changé grand-chose, d’autant que le parti a perdu à Mitzic face à Minault Maxime Zima Ebeyard et Corvain Ondo Nzogo de l’Union nationale. Dans le 2e arrondissement d’Oyem, l’indépendante Estelle Ondo a disposé de Menie Meyi. Toutefois, le PDG a récolté quelques victoires dans d’autres circonscriptions de la province, notamment avec David Ella Mintsa (4e siège Ntem), Albert Ndong Obiang(1er siège, canton Bissok) etc.
Dans la province de la Ngounié, Jules Esdras Mouhouloulou (SDG, 3e siège Boumi-Louétsi) se serait défait de Jean Alexis Bourobo ; Albertine Maganga-Moussavou (PSD, 3e siège Douya-Onoye) de Guy Christian Bouassa ; Jean-Norbert Diramba (LD, 1er arrondissement Mouila) du député sortant Léon Nzouba ; Wilfrid Mbadinga (SDG, 2e arrondissement Mouila) de Ruffin Martial Moussavou ; David Labaye (RHM, 2e siège Tsamba-Magotsi) de Dieudonné Mondjo ; Senturel Ngoma Madoungou (LD, Mimongo) de Franck Ilocko.
Ce n’est pas tout. Si l’on sait déjà que son candidat Joseph Minko Olenga a été battu par Franck Nguema au 2e arrondissement d’Akanda, dans le cadre de ce second tour du scrutin, le PDG a tout de même pu mettre sur le tapis certains opposants considérés à tort ou à raison comme de gros poissons. Il s’agit notamment d’Alexandre Barro Chambrier (RHM) qui aurait été battu par Severin Ndong Ekomi (PDG) sur le 1er siège du 4e arrondissement de Libreville.
Ayant dénoncé des manipulations peu après le 1er tour, l’ancien vice-Premier ministre Bruno Ben Moubamba (ACR) aurait également été battu à Moabi par Hyacinthe Mamboundou Moundziegou
Les Démocrates, probables premier parti d’opposition dans la future assemblée nationale
Guy Nzouba Ndama peut crier victoire à l’issue du second tour des élections législatives. Selon toute vraisemblance, son parti, Les Démocrates, sera le mieux représenté de l’opposition gabonaise dans la future assemblée nationale. Dans la province de la Nyanga, au sud-est du Gabon, les quatre candidats Les Démocrates admis au second tour l’auraient tous remportés selon les résultats provisoires du CGE. Il s’agit de Jonathan Ignoumba (Mongo), de Jean-Pierre Doukaga Kassa (1er arrondissement de Tchibanga), de Rojas Mouanda Mossotsi (2ème arrondissement de Tchibanga) et de Jonas Ibiatsi (Mabanda).
A Lambaréné, la troisième ville du Gabon, chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué, le candidat Les Démocrates, Séraphin Akure-Davain (30.72 % des voix au premier tour), l’aurait emporté sur son concurrent du PDG, Janvier Nguema Mboumba (33,45 % des suffrages au premier tour).
Les Démocrates, parti présidé par l’ex-titulaire du perchoir à l’assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, éliminé lui dès le 6 octobre dernier, est le mouvement d’opposition qui a le plus limité la casse lors du premier tour des élections législatives, parvenant à hisser 13 de ses candidats au second tour contre 8 pour le RHM d’Alexandre Barro Chambrier et 5 seulement pour l’Union Nationale de Zacharie Myboto.
Un fort taux d’abstention
Les Gabonais étaient appelés à élire, le 27 octobre 2018, les 59 candidats devant compléter l’effectif des députés à l’Assemblée nationale. Mais peu se sont déplacés comme si il n’y avait plus d’enjeu. L’on a enregistré une très faible participation malgré la «bonne organisation».
Dès 7 heures du matin, la plupart des bureaux de vote visités étaient déjà ouverts. Si l’ensemble des agents commis à la gestion des centres et des bureaux de vote étaient bien en place, sécurisés par les forces de l’ordre, les électeurs, eux, arrivaient à compte-gouttes.
En dix, voire vingt minutes, l’on pouvait enregistrer quatre à cinq électeurs dans un centre de 5 bureaux de vote. «L’abstention va atteindre les 90 à 95% cette fois-ci», a déclaré un électeur.
Face à ce qui pourrait se qualifier «d’un fort taux d’abstention» à une élection dans un pays où une grande partie du peuple ne veut plus prendre part en aucun scrutin ? Et ce, malgré une campagne bien menée sur le terrain et sur les réseaux sociaux, autant par les candidats de la Majorité présidentielle que par ceux de l’Opposition et les indépendants, les électeurs semblent désabusés par les scores du premier tour.